Investissement : Visez les gagnants du numériques

L’accélération de la croissance favorise les entreprises de distribution, mais Amazon les oblige à une transformation numérique coûteuse. En Bourse, mieux vaut choisir quelques valeurs moyennes de niche.

Mardi 26 septembre, Carrefour termine la séance sur un gain de 3,5 %. Depuis le plongeon du titre, le 31 août, lors de la présentation des résultats semestriels, c’est la première fois que le distributeur revient sur le devant de la scène boursière.

Une rumeur court sur le marché: et si Amazon s’intéressait à notre distributeur national? Ce serait bien la première fois qu’Amazon ferait grimper l’action d’un groupe de distribution! En effet, depuis que le premier e-commerçant américain (136 milliards de dollars de ventes) a bouleversé la donne mondiale par son succès phénoménal, le secteur est plutôt à la peine. La montée en puissance impitoyable du loup de Seattle, à coups de baisses de prix sur chaque nouveau segment proposé sur sa plateforme, a conduit nombre d’enseignes américaines à la ruine (Kmart et Circuit City ont, par exemple, purement et simplement disparu). Walmart, le numéro un mondial (486 milliards de dollars de chiffre d’affaires), a dû accélérer dans le numérique sous peine de perdre sa place. L’américain a ainsi repris Jetcorn, en 2016, pour 3 milliards de dollars et vient d’acheter Bonobo (marques de sous-vêtements en ligne) pour 310 millions.

CONVERGENCE

La réplique d’Amazon ne s’est pas fait attendre, avec la surprenante acquisition, en juin dernier, pour 13,7 milliards de dollars de la chaîne de produits bio Whole Foods Market. C’est la première fois que l’ogre du Net entre dans l’univers du magasin « en dur», preuve que le mariage efficace de l’e-commerce et du point de vente (acheter sur Internet et se faire livrer dans le magasin, et vice versa) est la clé de la réussite. Georges Plassat, le PDG de Carrefour, ne disait pas autre chose lors de son dernier discours devant les actionnaires, le 15 juin dernier. « L’e-commerce est un format de plus. C’est le plus grand libre-service du monde. Le vrai sujet, c’est: « Croit-on à la convergence de l’e-commerce et du magasin ? » Moi, j’y crois. Je suis intimement convaincu que le mix des deux sera l’avenir de la distribution», a-t-il martelé.

L’objectif d’Alexandre Bompard, le nouveau président, sera justement de réussir cette révolution chez Carrefour. Amazon, de son côté, a l’ambition de se servir des petites surfaces pour être au plus près de ses clients et les livrer encore plus rapidement. D’autres acquisitions devraient intervenir et, pourquoi pas, jeter son dévolu sur Carrefour, qui dispose de 12.000 points de vente dans plus de trente pays, contre 450 chez Whole Foods?

UNE TRANSFORMATION COÛTEUSE

Dans la distribution alimentaire, la transformation des groupes classiques en géant du Net est laborieuse et demande de lourds investissements, alors que la rénovation des magasins est déjà gourmande en capital et que la concurrence entre les enseignes cotées et non cotées (Leclerc, Intermarché, Auchan … ) rogne les marges. Ce n’est pas d’hier que Casino est monté en puissance sur Internet, et Cdiscount est indéniablement un succès. L’enseigne, qui tient la deuxième place derrière Amazon dans le

classement des sites les plus visités en France, a profité de la progression continue des achats en ligne. Selon les derniers chiffres de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), ils ont atteint 19,5 milliards d’euros au deuxième trimestre 2017 ( + 11,3 %, après + 14,3 % au premier). De plus, les cyberacheteurs consacrent une plus grande part de leur budget à Internet ( 664 €, soit 100 € de plus en un an). Afficher une solide rentabilité par la maîtrise des coûts, dégager des cash-flows récurrents grâce à une bonne logistique et distribuer des dividendes réguliers n’est donc pas l’apanage de tous dans ce secteur en pleine mutation. Si les deux grands acteurs cotés de la distribution alimentaire peinent à séduire durablement la Bourse, quelques pépites concentrées sur des niches (meubles et décoration, équipement de bureau, sécurité, étiquettes électroniques .. .) ont déjà émergé. Dans ce dossier, nous avons retenu les sociétés françaises qui présentent de bonnes perspectives et dont la valorisation n’est pas excessive.

 

 

 

 

 

 

 

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