Comprendre la réforme fiscale américaine de Donald Trump

Les entreprises vont profiter d’un taux d’impôt ramené à 20 % au lieu de 35 %. Les zones d’ombre ne manquent pas, en particulier pour savoir comment cette réforme sera financée.

Nous allons ramener les emplois et la prospérité qui ont quitté le pays, a proclamé le président américain, mercredi 27 septembre, devant une foule rassemblée à Indianapolis. Depuis son élection, il y a bientôt un an, les marchés financiers se sont emballés sur ses promesses de campagne en matière de politique économique,jugées très favorables à la croissance.

Réforme de la fiscalité américaine LES MÉNAGES SOUTENUS

Dans les grandes lignes, ils ne sont pas déçus: le plan finalement dévoilé cette semaine est assez fidèle à ses promesses et consiste à alléger copieusement les taxes sur les entreprises et les ménages. Pour les premières, qui représentent les mesures les plus coûteuses, le taux d’imposition passe de 35 % – l’un des plus élevés des pays de l’OCDE – à 20 %. Une ambition revue à la baisse après l’objectif initial de 15 %. Pour les entrepreneurs individuels, cette taxe s’élèvera à 25 %.

En contrepartie de ces allégements, un certain nombre de niches fiscales sont supprimées. En ce qui concerne les ménages, la tranche de revenus non imposables double, à 12.000 $ par individu, et le nombre de tranches est réduit de sept à trois (12 %, 25 % et 35 %), sans pour autant que soient définis les seuils de revenus correspondants. Une quatrième tranche pourra être ajoutée par les députés s’ils estiment le système trop complaisant pour les très rusés. L’impôt sur les successions est supprimé. Autant de mesures mises au point ces dernières semaines entre la MaisonBlanche, le département du « Les propositions restent bien trop coûteuses et devront changer de façon significative pour passer au Congrès»

Fiscalité américaine : ÉCHEC SUR L’OBAMACARE

Seulement voilà, Donald Trump ayant échoué à réformer l’Obamacare ces derniers mois, avec une nouvelle déconvenue cette semaine, l’équation budgétaire promet d’être ardue dans les prochaines années, étant donné l’évolution naturelle des dépenses de santé. Certes, il est difficile de faire des calculs exacts car un certain nombre d’éléments n’ont pas été précisés. A titre d’exemple, Donald Trump a annoncé que les entreprises souhaitant rapatrier leurs profits bénéficieraient d’un taux réduit, mais sans en préciser le montant.

L’argument avancé par le président américain pour financer la réforme repose sur la croissance économique engendrée par les baisses d’impôts et créatrice de rentrées fiscales. Un mécanisme réfuté par une partie des économistes et que l’expérience ne permet pas de valider systématiquement. Si les réformes fiscales lancées par Ronald Reagan en 1986 ont été suivies d’une forte expansion économique, on ne peut en dire autant des baisses d’impôts engagées par George Bush entre 2001 et 2003, mais – il est vrai-, principalement accordées aux ménages.

A l’inverse, les hausses de taxes imposées par Bill Clinton en 1993 ont été suivies d’une période faste. De quoi jeter un sérieux doute sur le lien mécanique entre les baisses d’impôts et la croissance.

Selon l’organisme indépendant américain CRFB (Comité pour un budget fédéral responsable), le coût des réformes fiscales (évalué à 2.200 milliards de dollars sur dix ans) ne sera pas compensé par les recettes fiscales, loin s’en faut. D’après ses estimations, qui intègrent un certain nombre d’hypothèses, la dette publique américaine atteindrait plus de 100 % d’ici à 2027, contre 77 % aujourd’hui. « Les réformes fiscales qui endettent sont susceptibles de ralentir, plutôt que d’améliorer, la croissance à long terme», estime l’organisme.

L’impact de la réforme sur la trajectoire des finances publiques n’est pas de nature à faciliter son adoption par le Congrès. « Les propositions restent bien trop coûteuses et devront changer de façon significative pour passer au Congrès».

Si le président américain semble penser que son programme est de nature bipartisane, les démocrates ne l’entendent pas de la même oreille, s’indignant déjà des baisses d’impôts accordées aux classes les plus riches et de l’impact dramatique de la réforme sur les finances publiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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